La journée s'étirait dans le calme, les enfants devaient faire leur sieste, les ainés étaient dans les mains de leurs précepteurs et son invitée prenait sans doute du repos aprés la petite fête de Ségur.
Neb, pour une fois désoeuvrée et sans comande ou travail héraldique en cours errait dans le manoir en quête d'occupation. Son poignet soigneusement bandé, la douleur étant jugulée par une potion médicinale, elle se glissa dans la salle d'armes...
Délaissant les arbalétes et les épées de combat, trop lourdes, face au ratelier central elle choisit un assortiment de dague de lancé... Les armes, venue d'espagne , étaient finement ciselées, les manches ornées et les lames gravées.. de vrais bijoux comme elle les aimaient... que ce soit pour ses robes, coiffures, bijoux ou armes... elle cultivaient une certaine prestance, un luxe qu'elle chérissait d'autant plus qu'elle avait connu le dénuement et la misére avant que la vie ne face d'elle une noble dame... Alors... de la gueulle que diable avait-elle coutume de dire...
Les dagues, déposée sur la table, elle se mit face au mannequin de paille, assura une bonne distance puis de la main droite entreprit de viser et de lancer la dague... qui alla se figer dans une pouttre à environ une bonne main de distance du mannequin...
Bralic lui avait souvent dit que dans un combat, pour rester en vie, l'important était de garder sur l'adversaire une longueur d'avance... et même s'il s'appliquait à lui donner des leçons de stratégie au lit, sachant trés bien garder cette longueur d'avance pour la surprendre et s'assuer l'avantage, tant qu'elle ne renversait pas la vapeur d'un tour de rein le plus souvent, aujourd'hui, alors qu'elle se retrouvait handicaper de sa main gauche et ne pouvait tenir d'armes de combat, elle entendait bien travailler et corriger cette faiblesse...
Il était loint le jour ou elle pourrait se battre pareillement de la main gauche comme de la droite mais ... il fallait un début à tout ... Alors, longuement, patiement, et sans grand succés au début, elle enchaina les lancés, se rappelant ses premiers combats à l'épée... Du temps duMasque, quand pour lutter aux cotés de la milice, pour ne pas être une géne dans bataille pour ceux qui avaient pris les armes à son appel, elle avait cessé de proner le pacifisme pour devenir... une apprentie guerriére maladroite... D'ailleurs, le Masque lui même avait faillit lui trancher la gorge lors de leur unique affrontement avec les armes... Avant qu'elle ne ruse et ne le bouscule pour lui arracher son masque et défoiler ainsi son vrai visage... son identité... Il aurait pu, il aurait dut la tuer à cet instant... Et pourtant... il n'en avait rien fait... Il fllait bien admettre qu'il lui manquait ... son meilleur ennemi... Comme tant d'autres à présent disparrus...
A nouveau étouffée par ce deuil qui la rongeait mois aprés mois, elle senti son bras trembler et la dague lui échappa... étant seule, elle s'autorisa la faiblesse des larmes... Oh pas longtemps, juste quelques minutes, juste pour mieux se reprendre... Elle n'avait pas droit à la faiblesse, pas plus qu'elle ne pouvait s'appitoyer sur elle même... Se plaindre de l'absence d' un inconstant ayant pénétré son coeur pour mieux disparaitre, trembler de la peur de vieillir seule et de voir ses enfants s'en aller vivre leur vie, savoir que le travail auquel elle vouait sa vie pourrait tout aussi bien être fait par le premier venue... admettre son échec et savoir que tout était joué... Non... il fallait se relever, redresser la tête, faire comme si ... et attendre que passe la peine...
Se concentrer sur l'entrainement... le mannequin, la dague dans sa main, assurer la visée, tendre le bras, le poignet toujours léger, ne faire qu'un avec la cible...
Les gestes s'enchainaient, mécaniques, plus assurés, plus précis cependant, à présent, une dague sur trois touchaient la cible, même si elles ne se figeaient que sur les zonnes les plus larges et faciles...
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