Terrasses

Le premier né de sa chair ? Il en a trouvé d'autres sur le pas de la porte ?

Une servante arrive enfin avec de quoi raffraichir ces dames, prune et jusde fruits. La Comtesse lui fait signe de déposer son plateau et de se retirer, elle servira elle même.

Alexaria... qu'alllez vous faire ? Cet homme, je ne vous forcerez pas à me dire son nom, de toute façon vous assez buté pour quelqu'un qui n'est pas Malemort, et vous ne diriez sans doute rien, mais s'il a déjà une famille... Il ne sera jamais la vôtre ...

Il a déjà des enfants mais adoptés. Alors que celui-ci, il en est l'origine même...

Elle regarda la jeune fille partir, puis répondit après un silence lourd.

Je vais garder cet enfant, biensur, et l'elever avec le même amour que mon fils. Mais je n'obligerais pas cet homme à quitter sa famille ou quoi que ce soit qui le rendrait malheureux. Rien n'est possible entre nous, beaucoup trop de choses nous séparent.

Voilà... vous avez les réponses que vous cherchiez je crois... Mais rien n'est jamais impossible si l'on est prés à se battre pour ça... Tout dépend de ce que l'on veut profondément et ce que l'on est prêt à faire pour l'obtenir...

Elle servie deux verres de jus de pommes et tendit un à la duchesse

Je me souviens de votre dernier accouchement... il ne faut pas facile et vous avez tout intérêt à vous ménager durant votre grossesse pour éviter d'éventuelles ... diffilcultées avant terme... Et bien entendu, si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas... Je passerai sous peu en Touraine rêgler mes différents avec Fransou et récupérer enfin ma fille. J'en profiterez pour vous examiner à nouveau si vous le désirez...

Ecoutant la comtesse, Alexaria songeait qu'elle allait devoir parler à deux hommes dont les réactions seraient certainement très différentes l'une de l'autre.
Autant l'un serait sans doute heureux, autant l'autre risquait d'être imprévisible, en bon militaire qu'il était.

Acceptant le verre, elle trempa ses lèvres dans le jus de fruits.

Me reposer... Voila des semaines que je ne sais plus ce que cela veut dire...
Mais je me retire bientôt de la vie politique. Alors je devrais être tranquille.
Et cet enfant à naître compte bien plus à mes yeux, désormais, que tous les dossiers du monde. Je ne mettrais pas sa vie en danger.

Une fois votre mandat achevé, vous aurez l'occasion de prendre soin de vous et de vous resourcer... Quel âge à le petit Alouette déjà ? Être grand frére va lui faire plaisir ! LEs grands frêres ont le devoir d'être courageux et de servir d'exemple... et de faire les petits chefs ! LEs garçons adorent ça !

Jouant avec son verre, un fin sourrire aux lévres, elle laisse échapper une confidence sur le ton de la légèreté...

Les hommes vont et viennent... ils ne sont pas fiables mais les enfants... c'est pour eux qu'une femme vit et se bat... Je l'ai compris quand mon mari m'a quitté et je l'ai vérifié à chaque fois que j'ai cru connaitre à nouveau l'amour... Prenez soin de vous, de votre famille et ne laissez jamais un homme vous détruire...

L'amour n'est pas possession, c'est un don, libre, total et sans condition... sinon, ce n'est que prison...

A l'évocation de son fils, un sourire maternel balaya l'inquiétude qui crispait son visage.

Gil a bientôt un an. Un délicieux petit monstre, avec le doux héritage caractériel de son père et de sa mère... Il trotte gaiment, commence à bien tenir debout tout seul, alors il en profite pour faire tomber tout ce qu'il trouve... Dernièrement, il n'a rien trouvé de mieux que de mordre la cire d'or, ajouta-t-elle en riant.

Puis, laissant un échapper un soupire, elle perdit son regard sur l'étendue des jardins.

J'ai laissé trop souvent les hommes m'atteindre... Fransou a été l'apothéose, je dois avouer... Seul mon fils et cet être à venir comptent désormais. Je ne laisserais rien ni personne détruire cela.

[Quelques jours plus tard]
Un bon pas, une chanson paillarde, un tein rubicond, c'est le Sergent Bourgogne qui se présente à l'entrée du Domaine, cherchant son chemin dans les jardins.

Devant la Comtesse de Malemort:

- Vérole! c'est qu'on s'croirait déjà rendu au Paradis. Manque plus qu'les chérubins dodus et fessus qui m'gazouillent autour de la salade.
Vot'Grandeur, je suis le Cureteur du Bidon. Envoyé céans par mon maitre le Vieux Saincte Merveille. Qui m'a remis libelle pour vous. Avec la cire et tout, pour qu'vous m'chassiez point comme un malpropre.... rapport à vos morp... vos donzelles qu'ont du vous raconter sornettes sur moi.

Il tendit de sa patte gantée un mince étui duquel fut extraite la missive:

Citation :

Votre Grandeur
Je vous prie d'installer le ci présent Sergent Bourgogne, à mon service attaché, comme Curateur au Ventre, et non je-ne-sais quelle ineptie il a pu vous dire. Pour prendre grand soin de sa Grasce et de son enfançon à naistre.
L'homme est fiable et préfèrerait se faire tailler en pièces que manquer à mon commandement. Prenez garde seulement avec votre domesticité féminine, même hors d'âge, l'homme ayant de l'appétit.
S'il venait à vous déplaire, il vous obéira comme à moi-même.
Mille mercis ne sont pas assez.
Je viendrai sous peu visiter vos terres, avec votre permission.

Hasdrupal Saincte Merveille
Gueret le 2 septembre de 1455